Premier choc « post ESMA » dans le Landerneau des CGPI, la Chambre des indépendants du Patrimoine s’appellera désormais Chambre Nationale des Conseils en Gestion de Patrimoine (CNCGP qui sera validée définitivement lors de l’assemblée de mars 2015). En effet, il s’avère que pour recevoir des commissions sur encours, l’ESMA demande à proscrire le « I » de indépendant… alors que depuis plus de 20 ans c’est en mettant le point sur le « I » que les CGPI se différenciaient des grands réseaux financiers !
Bien sûr il était important, tant pour son développement que pour sa survie, que le secteur ne voit pas subitement disparaître la rémunération sur encours. Mais était-ce pour autant nécessaire de sacrifier le « I » ? Certes, celui-ci semblait devenu « I » llisible pour le régulateur, mais « I » ncontournable cependant pour qualifier l’esprit de cette profession : être pour son client, une alternative moderne et non subordonnée aux réseaux bancaires et d’assurance !
Faut-il rappeler que nous devons à ce canal de distribution les contrats d’assurance-vie multi gestionnaires, la modernisation des options financières de ces contrats, l’arbitrage en ligne, la généralisation des produits structurés, etc. autant d’offres qui étaient jusque-là réservées à une clientèle bancaire haut de gamme, et que les CGPI ont contribué fortement à démocratiser.
Ainsi, si en termes de formation les CGP des réseaux bancaires et les CGPI fréquentes les mêmes Universités, un CGPI pour les clients mass affluent reste la garantie d’une approche patrimoniale globale, d’un accès à des produits leaders sur leurs marchés et d’une réactivité sans commune mesure à celle des réseaux financiers. Ce secteur doit être préservé, car il génère de l’innovation et de la concurrence en poussant ses fournisseurs à repenser leurs organisations et leurs offres.
Alors, peut-être que finalement ce n’est pas le « i » qui est un problème, mais le fait que cette profession subisse une hyperinflation réglementaire (au même titre que les grands réseaux), alors qu’elle est encore atomisée, méconnue et doit faire face à des investissements importants pour s’organiser ! Cette pression réglementaire nécessaire ne doit cependant pas « étouffer » une profession qui est à son secteur d’activité ce que la compétition est à l’automobile : un laboratoire de développement !
Au moment où se posent des questions sur les barrières à l’entrée de certains secteurs d’activités ; à un moment où il faut encourager la création d’entreprises, la concurrence et l’innovation peut-on remettre en cause le modèle de développement des CGPI ? Certes ils sont eux-mêmes convaincus qu’il leur faut se structurer et se doter d’un véritable statut ; ce n’est donc pas une question de réglementation qu’il faut assouplir ou de nom qu’il faut changer, car qu’ils restent CGPI ou deviennent libéraux, ils ont prouvé leur professionnalisme. Donnons-leur juste le temps qu’il faut.
Source : Les échos
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